Entropa : cachez cette œuvre que je ne saurais voir…

Dans l’atrium du bâtiment Justus Lipsius (bâtiment du conseil des ministres), une installation d’art moderne intitulée Entropa vient de faire son apparition en janvier dans le cadre de la présidence tchèque de l’union européenne. En effet, il faut savoir que, traditionnellement, le pays présidant l’UE offre une œuvre d’art afin de marquer l’évènement.

Polémiques

Pour sa présidence, la République Tchèque voulait frapper fort les esprits, en demandant à un artiste Praguois, David Cerny ^*, de s’associer avec 26 autres artistes (représentant les 26 autres pays européens) afin de représenter les clichés de leurs pays. Or cet artiste a dupé son monde en travaillant avec seulement 3 assistants.

L'oeuvre prend la forme d'un jeu en kit constitué de modules assemblés entre eux par une sorte de canalisation bleue qui représente l'UE. Cela tend à montrer que l'UE est en construction, que l'on n'a pas encore trouvé le moyen de créer un ensemble cohérent. En regardant plus précisement, nous remarquons que chaque pays est montré de manière caricaturale: la France est barrée d'une banderole où il y est marquée:"en grève", le Royaume-Uni est inexistant du fait de son euroscepticisme... Pour connaître la représentation d’un pays en particulier, faites un tour sur Wikipédia à l'adresse suivante: http://fr.wikipedia.org/wiki/Entropa .

Ces représentations-là sont gentillette, mais d'autres sont plus polémiques telles que celle de l'Allemegne, par exemple. Il l'a représentée avec des autoroutes la parcourant dont la forme, dans une vue d'ensemble, évoque une croix gammée et le chiffre 18 (numéro d'Hitler). Pour avoir un aperçu de l'oeuvre plus animé, rendez-vous à l'adresse suivante (en anglais): http://www.youtube.com/watch?v=HXzEMAEKT8k .

De la liberté d’expression

Il est bien de titiller de temps à autre une démocratie afin de voir si elle en est toujours une. En effet, la liberté d’expression est le principe fondamental de ce régime et l’art n’en est qu’une forme d’expression. Or que remarquons-nous ? Un pays tel que la Bulgarie (représentée par des toilettes à la turque pour stigmatiser le "faux patriotisme" bulgare) a demandé le retrait du module la représentant. Cette pièce bulgare a, donc, été recouverte d’un voile noir. Est-ce normal qu’une œuvre, ou dans ce cas une caricature, soit cachée parce qu’elle dérange ? Non, malgré le mécontentement bulgare, nous aurions du continuer à exposer cette œuvre dans son intégralité. Ce n’est que de l’art. La censure ne devrait pas intervenir dans ce domaine. A être trop consensuel, nous ne laissons pas assez de place à l’imagination. D’autres pays pensent demander le retrait de leur module, comme la Slovaquie (saucisson lié avec de la ficelle aux couleurs de sa voisine hongroise : rappel de la guerre de la saucisse entre le Slovaquie et la Rép. Tchèque).

La Rép. Tchèque souhaitait que les européens se moquent des préjugés afin de les anéantir car elle les considère comme des barrières qu’il faut franchir : barrière à l’intégration et barrière à la coopération. L’objectif final n’est pas atteint.

* artiste tchèque de 41 ans qui s’est fait connaître en 1991 en peignant en rose un char soviétique (à l’époque monument national) exposé comme mémorial de guerre au centre de Prague. Auteur également des « bébés de la Tour » (une série de sculptures de bébés fixés sur la tour de la chaîne TV Žižkov) à Prague.